Madame la Conseillère fédérale, chère Viola,
Chères et chers athlètes,
Chères personnes qui les encadrez et les accompagnez,
Mesdames et Messieurs,
En temps « normal », le sport est le plus beau passe-temps du monde. Mais comme vous le savez tous, la période que nous vivons actuellement n’a rien de normal, que ce soit pour les sportifs, ou pour le reste d’entre nous. Après deux années de pandémie, l’Europe est aux prises avec la première guerre d’agression menée sur son territoire depuis près de 80 ans. Face à cette tragique réalité, pouvons-nous nous réjouir des médailles remportées ? Jusqu’où pouvons-nous célébrer la compétition en sachant que d’autres craignent pour leur vie ?
1. Le succès de la Suisse est le résultat d’une pluralité assumée
Il y a deux semaines, j’étais en Pologne et en Moldavie, à la frontière avec l’Ukraine. J’y ai rencontré des familles qui fuyaient le pays, des mères avec leurs enfants qui cherchaient refuge à l’étranger. Comme elles, des millions de personnes sont en exil. Nous avons échangé, je les ai écoutées. Comment rester indifférents à leurs témoignages ? Et pourtant, dans chacun de leurs récits transparaissait tout l’amour que ces réfugiés éprouvent pour leur patrie. Leur fierté. Le lien qui les unit. Ces émotions-là existent aussi dans le sport. C’est donc avec un réel plaisir que je viens à votre rencontre aujourd’hui, Mesdames et Messieurs. Le sport tisse des liens. Il nous apprend ce que c’est de faire partie d’une équipe. Il nous rend fiers de notre pays. C’est le cas en temps de paix, et a fortiori en temps de guerre.
Le sport est notre identité collective, tout particulièrement dans un pays comme le nôtre, avec toute sa pluralité: plusieurs langues, plusieurs cultures, des religions différentes et des sens de l’humour variés. Peu importe que la skieuse s’exprime in italiano, que le skip d’une équipe de curling exulte en français, que le snowboarder discurra in rumantsch ou que l’entraîneur de l’équipe de hockey redet uuf schwytzerdüütsch.
Nous sommes une seule équipe, nous sommes un seul pays: nous sommes la Suisse.
Cette pluralité m’est très chère. Comme président de la Confédération tout d’abord mais également comme représentant de la communauté linguistique italophone. Je suis heureux et fier que la Suisse ait récolté seize médailles aux Jeux olympiques et paralympiques. Et je le suis d’autant plus que ces médailles ont été remportées par des athlètes de toutes les régions de notre pays.
2. Un engagement qui transcende les frontières nationales
Le sport renforce aussi les échanges internationaux. Aux Jeux olympiques comme aux jeux paralympiques, vous êtes adversaires mais vous vous entraînez ensemble; vous visez un même objectif. Le sport permet de partager ces émotions. Le sport nous apprend à observer les règles et à respecter les valeurs. On ne peut pas toujours gagner. Ni dans le sport, ni dans la vie.
Ce qui fait la vrai valeur d’un sportif, ce ne sont pas les médailles qu’il porte autour de son cou, mais bien son engagement exemplaire pour la cause, son long et rigoureux travail de préparation, sa modestie dans le succès et la bienveillance dans la défaite.
Voici les valeurs que le sport véhicule.
3. Le sport, une lueur d’espoir dans des temps obscurs
Chers athlètes, chacune et chacun d’entre vous a tout mon respect. Mon estime va aussi à celles et ceux qui sont revenus sans médaille, mais ont trouvé la force de se relever et de repartir. Voilà ce que j’appelle de la résilience ! Quand vous vous relevez après une défaite, vous nous montrez qu’il ne faut jamais renoncer. Vous nous prouvez qu’il vaut la peine de se battre pour atteindre ses objectifs. Vous nous donnez de l’espoir. C’est là votre véritable leçon de vie. C’est aussi celle que nous donnent ces réfugiés de guerre, qui relèvent la tête et luttent pour leur pays, qui défendent les mêmes valeurs que nous.
Vous tous, chers athlètes, êtes une source d’inspiration, car le sport est bien plus que « le plus beau passe-temps du monde ». Le sport exige un travail acharné, de l’ambition et beaucoup d’humanité. Et c’est bien d’humanité dont nous avons besoin en cette période « anormale ».
Chères sportives et chers sportifs, au nom de la Suisse, je vous remercie chaleureusement. Nous avons vibré avec vous, fêté vos victoires et, parfois aussi, souffert avec vous. Vous êtes le ciment de la cohésion de notre pays, vous soudez la Suisse, surtout en cette période trouble. Je suis fier de vous ! Merci encore du fond du cœur.