Carrière dans la coopération internationale: que signifie travailler sur le terrain?
Pour raconter la carrière de Séverine Weber et d’Andrea Inglin, il faut une carte et des connaissances en géographie pour les suivre d’un pays à l'autre. C’est en effet le principe des carrières transférables du DFAE: le lieu de travail change tous les trois ou quatre ans. A partir du 26 mai, les concours «Diplomatie», «Affaires consulaires, gestion et finances (KBF)» et «Coopération internationale» sont ouverts. Tour d’horizon de la dernière option.
Travailler afin que les personnes déplacées en Somalie puissent bénéficier de solutions durables: telle est l’une des thématiques dont s’est occupée Séverine Weber au cours de sa carrière dans la coopération internationale. © DFAE
Il existe trois carrières transférables au DFAE: «Diplomatie», «Affaires consulaires, gestion et finances (KBF)» et «Coopération internationale». Séverine Weber et Andrea Inglin ont choisi la dernière. Pendant leurs études universitaires, elles n’imaginaient pas qu’elles vivraient un jour au Myanmar et au Nicaragua. Mais procédons par étapes: départ du lac de Neuchâtel.
A chaque nouvelle mission, c'est comme si on repartait à zéro
Séverine Weber a étudié les Lettres à l’Université de Neuchâtel. Son échange Erasmus a été en quelque sorte un révélateur: elle voulait travailler à l’étranger et dans un contexte multiculturel. Elle s’en souvient comme d’un tournant, qui l’a amenée à poursuivre ses études à Bruxelles, en politique internationale. Après un stage académique à la Mission suisse auprès de l’Union européenne, une autre certitude se dessine pour sa carrière: plus que la diplomatie, c’est la coopération internationale qui l’intéresse, sur place, dans les pays en développement. Il était temps de repartir, de se confronter à la réalité et aux défis du travail sur le terrain - et de «se connecter», comme elle le dit, à de nouvelles personnes, histoires et cultures.
Sa première expérience professionnelle à l’étranger se déroule au Kosovo pour le Programme des Nations Unies pour le développement en tant que Volontaire des Nations Unies - un programme de l’ONU soutenu par le DFAE. «Ce type d’expérience est idéal pour ceux qui, comme moi, sont jeunes et ont une formation assez "généraliste". C'est une excellente porte d’entrée pour une carrière dans ce domaine», explique Séverine Weber. Après deux ans passés dans les Balkans, elle postule pour le Concours (anciennement appelé le programme de relève de la DDC). Elle est sélectionnée puis déployée auprès de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, en Chine puis au Sri Lanka. Son affectation dans le Nord du Sri Lanka, juste à la fin de la guerre, l’a particulièrement touchée et convaincue de l’importance de la protection des civils. «Nous étions confrontés tous les jours aux traumatismes de la population civile, avec un gouvernement très dur, peu coopératif et une armée omniprésente; nous documentions les cas d’abus et essayions d’en prévenir d’autres», explique-t-elle.
Après un passage à Berne comme chargée de programme pour l’Afrique de l’Ouest, elle repart dans la Corne de l’Afrique (qui comprend le Kenya, la Somalie et l’Éthiopie) pendant quatre ans en tant que directrice régionale adjointe de la DDC. Elle y a notamment travaillé sur les questions de déplacement forcé de populations, un sujet qui lui tient à cœur. En Somalie, on compte près de trois millions de personnes déplacées internes. Ces situations de déplacement durent souvent des années et ont un impact très négatif sur les populations. «Nous avons travaillé afin que ces personnes déplacées puissent bénéficier de solutions durables: nous avons dialogué avec les gouvernements et les maires, pour qu’elles soient considérées comme des citoyens, qu’elles aient la possibilité de s’intégrer et d’avoir accès aux services publics; on a mobilisé le secteur privé pour renforcer la création d’emplois, etc.», explique Séverine Weber.
Après le thème de la migration, elle a travaillé dans le domaine de la santé au Myanmar, où elle est actuellement directrice adjointe de la coopération. «C’est ce qui me passionne dans ce métier: à chaque nouvelle mission, c’est comme si on repartait à zéro. On découvre un nouveau pays, de nouveaux thèmes et une nouvelle équipe», ajoute-t-elle. Elle restera au Myanmar pendant encore deux ans. «Le Myanmar traverse une période difficile depuis le coup d’État militaire de 2021. Pouvoir être sur place pour aider la population me motive beaucoup – on essaie de faire une différence et de contribuer modestement aux efforts de sortie de crise du pays», conclut-elle.
Des compétences multiculturelles et interdisciplinaires pour travailler dans des contextes difficiles
Les personnes qui se lancent dans une carrière dans la coopération internationale viennent d’horizons très différents. Mais quelles sont les caractéristiques essentielles pour travailler dans ce domaine? Le parcours d’Andrea Inglin, diplômée en économie, en illustre plusieurs. Volontaire au Mexique dans un foyer pour enfants des rues, stagiaire à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Kirghizstan, responsable de projet chez Swissnex à San Francisco: autant d’étapes qui l’ont convaincue de poursuivre une carrière dans la coopération internationale au DFAE. «Cela peut paraître banal, mais ce qui me motive encore aujourd'hui, c’est de pouvoir faire la différence avec mon travail, en cherchant des solutions pour aider les populations vivant dans la pauvreté et dans des contextes difficiles», dit-elle. Déjà lors de ses études, elle se passionne pour l’économie du développement. Elle décide donc de se spécialiser avec un master en développement et coopération de l’ETH. «J’étais la seule économiste parmi des personnes issues d’autres disciplines académiques. C’était une bonne formation pour mon travail actuel au DFAE, qui exige non seulement la capacité de travailler dans des équipes interculturelles, mais aussi interdisciplinaires», explique-t-elle. Après un séjour au Ghana pour le compte du Secrétariat d’État à l'économie (SECO), elle est partie en 2015 au Nicaragua dans le cadre d’un programme de la DDC. Les affectations dans différents pays lui ont montré que ce qui la passionnait le plus, c’était le travail sur le terrain, au contact des gens.
Bien sûr, tous ces déplacements et ces nouveaux départs représentent aussi un défi: «Il faut sans cesse construire de nouveaux réseaux à l’étranger, non seulement sur le plan privé, mais aussi sur le plan professionnel», poursuit-elle. Il faut donc faire preuve d’une grande capacité d’adaptation et, comme le souligne Andrea Inglin, «d’une bonne dose de patience, lorsque les choses ne s’améliorent pas aussi vite qu’on le souhaiterait, et d’un peu de modestie car la coopération internationale n’est qu’une pièce du puzzle. Le changement souhaité dépend de facteur multiples.». À cela s'ajoute la sphère privée: concilier travail et famille est un défi de taille. Le partenaire - ou «accompagnateur» pour reprendre le jargon des carrières transférables – ainsi que les enfants doivent être prêts à faire certains sacrifices et à se réinventer dans des contextes en constante évolution.
Andrea Inglin travaille actuellement à Berne pour la division Coopération thématique, dans la section Économie et éducation. Elle y est responsable du développement du secteur privé et de la formation professionnelle. «Je représente la DDC dans le dialogue politico-thématique sur ces thèmes au sein de comités d’experts nationaux et internationaux, lors de manifestations ou dans le cadre du dialogue avec d’autres offices fédéraux», explique-t-elle. Elle conseille également d’autres unités organisationnelles de la DDC, dans ces thématiques par exemple lorsqu’il s'agit de mettre en place un nouveau programme. Sur le terrain, «on est en contact avec beaucoup de personnes: non seulement des collègues, mais aussi, par exemple, les représentants des organisations internationales, des paysans, des ministres qui visitent des projets ou des représentants du secteur privé». Au siège, à Berne, le travail est différent, mais l’objectif reste le même : «trouver des solutions durables et nouvelles pour répondre aux besoins des pays partenaires et des populations en difficulté. Un aspect fondamental de mon travail qui, tant à l’étranger qu’à Berne, continue de me fasciner», conclut-elle.
Concours 2023
Une carrière au DFAE vous intéresse? N’hésitez pas à nous rejoindre, nous recrutons! Les concours pour les carrières transférables «Diplomatie – Profil I», «Coopération internationale – Profil I» et « Affaires consulaires, gestion et finances (KBF)» sont ouverts du 26 mai au 19 juin 2023. Renseignez-vous dès maintenant sur les conditions et les procédures d’admission sur la page Perspectives d’emploi pour des professionnels expérimentés.