La campagne agricole 2017-2018 a été affectée par les effets des changements climatiques et les ravageurs de cultures (chenilles légionnaires et oiseaux granivores) entrainant une crise alimentaire et pastorale. Ainsi, pendant la période de soudure (juin à aout) environ 1 million de personnes étaient en situation «crise alimentaire» dont 90’000 personnes en situation d’urgence. La sècheresse a entrainé un déficit fourrager et un tarissement précoce des points d’abreuvement du bétail provoquant une transhumance précoce avec ses corolaires de conflits d’agriculteurs et éleveurs dans plusieurs régions (Sahel[1], Centre-Nord, les Hauts bassins, etc.).
Dans la région du Sahel, l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et la crise de l’élevage pastoral sont aggravés par l’insécurité qui a conduit des déplacements massifs (plus du millier) de populations. Les femmes et les enfants sont les plus affectés. Environ 70’000 enfants étaient déjà atteints par la malnutrition aigüe. La crise de l’élevage pastoral a aussi impacté négativement sur les conditions de vie des ménages d’agriculteurs et d’éleveurs par la destruction de leurs moyens d’existence composés essentiellement d’animaux.
Le Gouvernement burkinabé a élaboré le « Plan de réponse et de soutien aux populations vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle 2018-PRSPV » pour la gestion coordonnée de la crise avec un appel lancé aux donateurs. La Suisse en synergie avec les autres donateurs a répondu favorablement à cet appel en accordant une contribution financière de CHF 2 millions au PAM (CHF 650'000) et à la FAO (CHF 1'350'000) dont les interventions dans le cadre du PRSPV ciblaient prioritairement les populations des régions du Sahel, du Centre Nord et de l’Est.
Au cours de la période 2018-2019, l’appui de la Suisse a contribué à apporter une assistance alimentaire à environ 80'500 personnes. Pour faire face à la situation de malnutrition des populations vulnérables, environ 7’000 enfants et 4’450 femmes/filles enceintes ont reçu des compléments nutritionnels. Cet appui a permis à environ 4’500 ménages d’éleveurs et d‘agriculteurs soit environ 26'000 personnes de préserver et renforcer leur moyen d’existence (bétail) et d’emblaver 670 ha avec des semences de variétés améliorées pour la production de 525 tonnes de produits vivriers (céréales et niébé).
L’accompagnement de la Suisse a permis aux acteurs de l’élevage de renforcer leurs capacités de prévention et de gestion des crises pastorales. Ainsi l’étude intitulé «l’impact de la situation sécuritaire sur les pratiques pastorales et le fonctionnement des marchés à bétail au Burkina Faso» contribue à mieux appréhender les effets de l’insécurité sur l’élevage pastoral et sur les dynamiques des marchés à bétail.
[1] La région du Sahel est une zone d’élevage par excellence. Les Hauts bassins constituent une zone de transhumance et de replis des animaux en cas de déficit fourrager et hydriques dans la partie sahélienne du pays.